Une nouvelle loi sur l’égalité salariale promulguée en Islande au 1er janvier 2018

Les écarts de salaires entre hommes et femmes sont interdits en France depuis la loi Roudy promulguée en 1983. Et pourtant, en 2018, il existe encore un écart de salaire de 6% entre hommes et femmes ayant des postes équivalents, et un écart salarial de 25% tous secteurs et métiers confondus.

Les raisons de ces écarts sont diverses et complexes, ce qui rend la résolution du problème d’autant plus difficile. Toutefois, il y a des solutions concrètes qui peuvent être mises en place. C’est notamment le cas depuis le 1er janvier 2018 en Islande, le premier pays au monde à avoir interdit les écarts de salaire dans les entreprises publiques et privées de plus de 25 salarié(e)s.

Comment ça marche ?

C’est simple : si une entreprise donnée ne respecte pas l’égalité salariale, elle doit payer une amende à l’Etat ! Chaque année, toutes les entreprises de plus de 25 salariés subissent un audit qui analyse de près le travail effectué par chaque salarié ainsi que le salaire perçu par chacun d’entre eux. Ainsi, s’il existe des différences salariales entre différents employés ayant des postes similaires, l’entreprise doit être capable de les justifier en apportant des preuves que la charge ou la nature du travail ne sont pas les mêmes. Suite à cet audit, l’entreprise se voit attribuer (ou non) un certificat qui stipule qu’il n’y a pas de différences salariales injustifiées. Si ce label n’est pas discerné à une entreprise donnée, elle devra payer une amende à l’Etat. Et le processus recommence l’année suivante !

Cette procédure est révolutionnaire en plus d’être unique dans son genre : au lieu de contraindre les salariées à prouver qu’elles sont victimes de discrimination salariale, l’Etat islandais oblige dorénavant les entreprises à prouver qu’elles paient leur salariés et salariées à salaire égal. Et ça change tout !

La transparence salariale : une mesure phare qui présente tout de même des limites

Cette procédure est récente, ainsi il faudra attendre quelque temps avant d’en voir les bénéfices ainsi que les éventuels progrès à faire. Mais si cette mesure a de bonnes chances de porter ses fruits, c’est grâce à la transparence salariale qui est nécessaire à son implémentation. Une grille des salaires – proche de la grille qui s’applique aux fonctionnaires français – déterminera la rémunération des salariés selon leur qualifications, leur ancienneté dans l’entreprise, etc.

Cette procédure présente tout de même quelques limites bien réelles. Par exemple, il est possible que cette mesure ait un impact négatif sur les augmentations accordées aux salariés. Puisque les écarts de salaire non justifiés ne seront pas tolérés au moment de l’audit annuel, le fait d’augmenter le salaire d’un salarié forcera en quelque sorte l’entreprise à revoir la rémunération des autres salariés occupant le même poste. Le coût de l’augmentation demandée pourrait donc être trop lourd pour l’entreprise, et les augmentations pourraient se faire plus rares. Ainsi, cela pourrait potentiellement créer un environnement dans lequel les salariés islandais auraient moins tendance à se dépasser pour mériter une augmentation.

Il est également possible que les salariées islandaises actuellement employées par les entreprises touchées par cette nouvelle loi subissent de la pression de leurs managers et dirigeants pour être plus productives afin de « mériter » l’augmentation imposée par l’Etat. Et c’est sans parler de la discrimination à l’embauche, où l’on pourrait imaginer qu’on recruterait tout simplement moins de femmes pour contourner le problème des écarts de salaire.

Il ne reste plus qu’à espérer que cette loi révolutionnaire aura des retombées positives pour les femmes islandaises, et que d’autres pays s’en inspireront à l’avenir !

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